ORDRE DU JOUR GENERAL N° 3.
Le commandant en chef de l'armée suisse aux états-majors et aux corps de troupes qui doivent être licenciés.Officiers et soldats suisses,
Quand l'autorité fédérale vous a appelés sous les armes, il y a quelques semaines, vous êtes accourus avec toute la promptitude et tout le dévouement dont avaient fait preuve, l’été dernier, vos camarades de cinq autres divisions de l'armée.
Mais votre tâche a été bien plus rude ; non seulement vous avez fait plus d'étapes pendant une saison rigoureuse et vous avez ainsi souffert davantage, mais on a dû réclamer de vous des efforts exceptionnels pour vous placer, grâce à des marches forcées, aux points où les événements qui se succédaient avec une rapidité inattendue, rendaient votre présence nécessaire. Dès que vous avez été en ligne, vous avez été soumis à un service pénible et à bien des privations.
Un terrible spectacle s'est déroulé sous vos yeux. Vous avez pu assister à ce fait désolant d'une grande armée où les liens de la discipline étaient presque entièrement détruits, ce qui l'avait mise dans cet état de dissolution que nous avons tous constaté avec chagrin.
Puisse ce spectacle se graver dans votre mémoire, et, comme un terrible exemple, augmenter la conviction que sans discipline et subordination, il n'y a pas de bonne armée, le courage et les sacrifices sont vains.
Vous pouvez maintenant rentrer dans vos foyers avec la conscience du devoir accompli et recueillir la reconnaissance de la patrie pour votre dévouement.
Efforcez-vous, dans la marche que vous aurez à faire pour retourner chez vous, de conserver intact l'honneur de vos bataillons et de vos corps spéciaux par une conduite irréprochable, et d'alléger, en vous montrant modestes et peu exigeants, les charges déjà si lourdes qui posent sur la population. En arrivant chez vous, mettez vos armes et votre équipement dans le meilleur état, et tenez-vous constamment prêts à endosser de nouveau au premier signal l'uniforme honorable du soldat, afin d'assurer partout l'ordre dans notre chère patrie, si quelque événement menaçait de le troubler.
Confiant dans votre patriotisme, je vous souhaite du fond du cœur un heureux retour dans vos foyers!
Neuchâtel, le 9 février 1871.
Le Commandant en chef de l'armée fédérale,
HANS HERZOG, général.
Source: « Revue militaire suisse », N° 5 du 24 février 1871, page 137